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31 août 2007

Tous contre Fraisebec 


Le journaliste André Noël de La Presse ne lâche pas. Depuis le début de l'été, il nous informe régulièrement des mauvais traitements que doivent subir les travailleurs agricoles migrants dans les fermes québécoises. Tout y a passé : conditions de travail pénibles, expositions à des produits toxiques, propriétaires qui retiennent les passeports -, mais là, c'est le boutt, les travailleurs de Fraisebec n'ont pas le droit de sortir de la ferme et ne peuvent recevoir de visite. Bref, ça commence à ressembler à de l'esclavage:

Les propriétaires de la ferme FraiseBec ont appelé la police, mardi soir, pour expulser un prêtre qui était venu visiter les 138 travailleuses guatémaltèques et mexicaines de cette entreprise du nord de Montréal, considérée comme le plus important producteur de fraises au Canada. [...]

Des travailleuses sont venues à sa rencontre et se sont mises à parler avec lui et les deux personnes qui l'accompagnaient, dont un journaliste de La Presse. Nous leur avons demandé si elles pouvaient quitter la ferme à leur guise: elles ont répondu que cela leur était strictement interdit, à moins d'avoir une autorisation de leurs patrons. Qu'arriverait-il si elles ignoraient cette consigne? «Oh là lè, c'est impossible, a répondu l'une d'elles. On serait congédiées et renvoyées dans notre pays.»

Deux ou trois minutes plus tard, une des propriétaires, Isabelle Charbonneau, a surgi dans la pièce. Furieuse, elle a exigé le départ immédiat du missionnaire, du journaliste et du troisième visiteur, Roberto Nieto, ami du père Bolduc qui est déjà allé au Guatemala pour rencontrer des employées de FraiseBec.
Et c'est à ce moment là que la police est venue faire sa job de bras....

Voilà C'est ce qui se passe encore aujourd'hui dans une ferme près de chez vous. Au Québec. En 2007. À Ste-Anne-des-Plaines.

C'est aussi un bel exemple de la casuistique libre-échangiste. Parce qu'on libéralise ce que l'on veut bien et que, d'autre part, on protège certains marchés (agriculture), les paysans mexicains, désavantagés, sont contraints de se déplacer pour joindre les deux bouts. Mais au droit des marchandises de circuler, ne correspond pas celui des travailleurs. Et quand ceux-ci peuvent se déplacer, et bien, c'est dans des conditions d'exception, en marge du droit du travail où on les contraints, comme on le constate de plus en plus, à exercer leur métier, à la merci de propriétaires véreux.

Honte à vous Fraisebec. Honte aussi au consulat mexicain et au gouvernement canadien qui ferment les yeux sur ce genre de pratiques.

[n'hésitez pas à faire circuler l'article de M. Noël]

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